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autrefois a fait de moi un si long carnage, je me trouve en une liberté amère et douce.

Et vers le Seigneur que j’adore et auquel je rends grâces, et qui d’un mouvement de sourcil gouverne et soutient le ciel, je reviens fatigué, non moins que rassasié de vivre.


SONNET LXXXIV.

Il reconnaît ses fautes ; il s’en repent et prie Dieu de le sauver des peines éternelles.

Amour me tint vingt-un ans brûlant joyeusement dans le feu, et plein d’espérance dans la douleur. Depuis que ma Dame, et mon cœur avec elle, sont montés au ciel, il m’a tenu dix autres années à pleurer.

Désormais je suis fatigué, et je retire ma vie d’une si grande erreur qui a quasi éteint le germe de la vertu ; et je te remets dévotement, ô souverain Dieu, ce qui me reste d’existence,

Triste et repentant de mes années ainsi dépensées, car elles devaient se dépenser pour un meilleur usage, à chercher la paix et à finir les tourments.

Seigneur qui m’as enfermé dans cette prison, tire m’en sain et sauf des dams éternels, car je connais ma faute et je ne l’excuse pas.


SONNET LXXXV.

Il s’humilie devant Dieu et implore sa grâce.

Je vais pleurant mes temps passés que j’ai consacrés à aimer une chose mortelle, sans élever mon vol, ayant cependant les ailes pour donner peut-être de moi des exemples non vils.