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qui me fit tourner vers toi seule en ce monde, prie pour que j’aille bientôt demeurer avec vous.


SONNET LXXVI.

Privé de tout confort, il espère qu’elle lui obtiendra la grâce de la revoir dans le ciel.

Des plus beaux yeux et du plus éclatant visage qui ait jamais brillé, et des plus beaux cheveux qui aient jamais fait paraître moins beaux l’or et le Soleil ; du plus doux parler et du plus doux rire ;

Des mains, des bras qui, sans faire un geste, auraient conquis ceux qui furent le plus rebelles à l’Amour ; des plus beaux pieds, et des plus agiles ; de la personne formée en paradis,

Mes esprits prenaient vie ; maintenant c’est le Roi céleste et ses courriers ailés qui en jouissent ; et moi je suis resté ici nu et aveugle.

Je n’attends qu’un seul confort à mes peines ; c’est que, elle, qui voit toutes mes pensées, m’obtienne la grâce de pouvoir être avec elle.


SONNET LXXVII.

Il se croit déjà proche du jour où elle l’appellera à elle.

Il me semble d’heure en heure entendre le messager que ma Dame m’envoie pour me rappeler à elle ; ainsi je vais me changeant au dedans et au dehors, et je suis en peu d’années si défait,

Qu’à peine je me reconnais désormais moi-même ; j’ai banni toute ma façon habituelle de vivre. Je serais heureux de savoir quand je serai près d’elle, mais le moment devrait pourtant bien en être proche.

Ô heureux ce jour où, sortant de la terrestre prison,