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à peine la regarder, et, pieuse, s’assoit sur le bord.

De cette main que j’ai tant désirée, elle essuie mes yeux, et son parler m’apporte une douceur qu’un homme mortel n’éprouva jamais.

Que sert de savoir, à celui qui se décourage ? dit-elle. Ne pleure plus ; ne m’as-tu pas assez pleurée ? Que n’es-tu maintenant vivant comme il est vrai que je ne suis pas morte !


SONNET LXXI.

Il mourrait de douleur, si elle ne venait point parfois le consoler par ses apparitions.

En repensant à ce suave regard qu’aujourd’hui le ciel honore, à la façon d’incliner sa tête dorée, à son visage, à cette angélique et modeste voix qui me calmait et qui maintenant m’attriste,

Je regarde comme une grande merveille que je vive encore ; et je ne vivrais déjà plus, si celle qui nous a laissés en doute de savoir ce qu’elle fut le plus, belle ou honnête, n’eût été si empressée à me secourir à l’heure de l’aurore.

Ô quels accueils doux, et chastes et pieux ! et comme attentivement elle écoute et note la longue histoire de mes peines !

Puis, quand la clarté du jour semble sur le point de la frapper, elle retourne au ciel, car elle en sait toutes les voies, les yeux humides, ainsi que l’une et l’autre joue.


SONNET LXXII.

La douleur de l’avoir perdue est si forte, que rien ne viendra plus l’adoucir.

Il fut peut-être un temps où l’amour était une douce chose — non pas que je sache quand — Main-