Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET LXVII.

Il s’excuse de ne pas l’avoir louée comme elle le méritait, parce que cela lui était impossible.

Je connus, tout le temps que le ciel m’ouvrit les yeux et que le désir et Amour élevèrent mes ailes, les choses nouvelles et charmantes, mais mortelles, que toutes les étoiles répandirent sur un seul objet.

Toutes les autres choses, si étrangères et si diverses, formes altières, célestes et immortelles, comme elles étaient au-dessus de mon intelligence, ma vue débile ne put les supporter.

C’est pourquoi, tout ce que d’elle j’ai dit ou écrit, et qu’elle me rend maintenant en éloges ou plutôt en prières à Dieu, fut une faible goutte dans d’infinis abîmes.

Car le style ne s’étend pas au delà du génie, et, pour avoir les yeux fixés sur le soleil, l’homme voit d’autant moins que la splendeur du Soleil est plus grande.


SONNET LXVIII.

Il la prie de le consoler au moins avec la chère et douce vue de son ombre.

Doux, cher et précieux gage que Nature m’a ravi et que le Ciel me garde, ah ! comment ta pitié pour moi est-elle si tardive, ô soutien habituel de ma vie ?

Jadis tu avais coutume de rendre mon sommeil au moins digne de ta vue ; et maintenant tu souffres que je brûle sans aucun rafraîchissement ; et qui cause ce retard ? Pourtant, là-haut n’habitent ni la colère ni le dédain,

Grâce auxquelles ici-bas un cœur bien compatis-