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peut aspirer au glorieux royaume sur un navire plus sûr.

Bénignes étoiles que celles qui furent les compagnes du fortuné flanc, quand le bel enfantement se révéla au monde d’ici-bas ! Car Laure est une étoile sur la terre, et, comme la feuille sur le laurier, elle conserve dans toute sa verdeur le don précieux de l’honnêteté ; la foudre ne saurait l’atteindre, et jamais vent mauvais ne la moleste.

Je sais bien qu’à vouloir enfermer ses louanges dans des vers, se fatiguerait quiconque aurait la plus digne main pour écrire. En quelle chambre de mémoire peut être réuni autant de mérite, autant de beauté qu’on en voit en regardant ces yeux siège de toute vertu, douce clef de mon cœur ?

Madame, dans tout le cours du soleil, Amour n’a pas de plus cher gage que vous.


SIXAIN II.

Bien qu’il désespère de voir Laure s’attendrir, il proteste qu’il l’aimera jusqu’à la mort.

Je vis sous un vert laurier une jeune dame, plus blanche et plus froide que la neige qui n’a pas été frappée par les rayons du soleil pendant de nombreuses années. Et son parler, et son beau visage, et sa chevelure me plurent tellement, que je les ai et que je les aurai toujours devant les yeux, où que je sois, sur les monts, ou dans la plaine.

Mes désirs seront alors venus à bonne fin quand on ne trouvera plus une feuille verte au laurier ; quand mon cœur sera en paix, quand mes yeux seront séchés, nous verrons le feu se glacer et la neige