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silence, et puis qu’il soupire : Donc, bienheureux les yeux qui la virent vivante !


SONNET XLII.

Le printemps, joyeux pour tous, l’attriste en lui rappelant ses maux.

Zéphir revient, et il ramène le beau temps, et les fleurs et les herbes, sa douce famille ; et les gazouillements de Progné, et les plaintes de Philomèle ; et le printemps candide et vermeil.

Les prés rient et le ciel se rassérène ; Jupiter se réjouit de voir sa fille ; l’air et l’eau, et la terre, tout est plein d’amour ; tous les animaux se remettent à aimer.

Mais pour moi, hélas ! reviennent plus pesants les soupirs que tire du plus profond de mon cœur celle qui en emporta les clefs au ciel.

Et les petits oiseaux qui chantent, et les coteaux qui fleurissent, et les belles dames honnêtes au suave maintien, sont un désert et des bêtes cruelles et sauvages.


SONNET XLIII.

La plainte du rossignol lui rappelle celle qu’il croyait ne jamais perdre.

Ce rossignol qui pleure d’une façon si suave, peut-être ses petits ou sa chère compagne, remplit de douceur le ciel et les campagnes de tant de notes mélancoliques et tendres !

Et toute la nuit, il semble m’accompagner et me rappeler ma cruelle destinée ; car je n’ai pas à me plaindre d’un autre que moi ; car je ne croyais pas que la Mort eût pouvoir sur les divinités.

Oh ! qu’il est facile de tromper celui qui n’a pas de