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Air échauffé et rafraîchi par mes soupirs, doux sentier qui m’apportes un si amer souvenir, colline qui me plaisait et qui maintenant m’ennuie, et où par habitude, Amour me mène encore ;

Je reconnais bien en vous les formes accoutumées, mais non, hélas ! en moi, qui loin d’une vie si heureuse, suis devenu le réceptacle d’une douleur infinie.

D’ici je voyais mon bien ; et sur ces traces, je reviens voir le lieu d’où elle est allée nue au ciel, laissant à la terre sa belle dépouille.


SONNET XXXIV.

Il s’élève par la pensée jusqu’au ciel. Il la voit, il l’entend, et reste en extase.

Ma pensée m’éleva en un lieu où était celle que je cherche et que je ne retrouve pas sur la terre ; là, parmi ceux qu’enferme le troisième cercle, je la revis plus belle et moins altière.

Elle me prit par la main et dit : « — Dans cette sphère, tu seras encore une fois avec moi, si ton désir ne s’égare pas ; je suis celle qui te fit une telle guerre, et j’accomplis ma journée avant le soir.

Mon bonheur ne peut être compris par une intelligence humaine : c’est toi seul que j’attends, et ce que tu as tant aimé et qui est resté là-bas, c’est-à-dire mon beau voile. — »

Ah ! pourquoi se tût-elle et ouvrit-elle sa main ? Car au son des paroles si compatissantes et si chastes, peu s’en fallut que je ne restasse au ciel.