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SONNET XXV.

Il reconnaît trop tard combien plurent ses rimes. Il voudrait les polir davantage, mais il ne peut.

Si j’avais pensé que les rimes dans lesquelles j’exhalais mes soupirs fussent d’un tel prix, je les aurais faites, dès le premier jour où je me mis à soupirer, plus nombreuses comme quantité et plus rares comme style.

Après la mort de celle qui me faisait parler, et qui occupait la cime de mes pensées, je ne puis, n’ayant plus une assez douce lime, de rimes âpres et sombres en faire de suaves et de claires.

Et certes tout mon souci en ce temps-là, était uniquement de soulager, par un moyen quelconque, mon cœur douloureux, et non d’acquérir de la renommée.

Je cherchai à pleurer, et non à tirer gloire de mes pleurs. Maintenant, je voudrais bien plaire ; mais, silencieux et las que je suis, cette noble dame m’appelle à elle.


SONNET XXVI.

Laure morte, il a perdu tout son bien, et il ne lui reste plus qu’a soupirer.

Elle avait coutume, belle et vivante, d’être en mon cœur comme une grande dame en un lieu humble et de basse condition ; maintenant je suis devenu, par son trépas, non pas seulement mortel, mais mort ; et elle est devenue une divinité.

L’âme dépouillée et privée de tout son bien, Amour dépouillé et privé de sa lumière, devraient, de pitié, faire se rompre un rocher. Mais il n’y a