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tière, chassant avec son front serein les pensées tristes loin de mon cœur sombre et morne.

L’âme qui ne peut supporter une telle lumière, soupire et dit : Oh ! bénies soient les heures du jour où tu ouvris cette voie avec tes yeux !


SONNET XVII.

Elle descend du ciel pour l’exhorter à la vertu et élever son âme à Dieu.

Jamais pieuse mère à son cher fils, jamais dame brûlante d’amour à son époux aimé, n’a donné, avec tant de soupirs et une telle anxiété dans une situation critique, un si dévoué conseil,

Comme m’en donne celle qui, voyant mon pénible exil du haut de son sublime refuge éternel, revient souvent vers moi, avec son habituelle affection, et les yeux embellis d’un redoublement de pitié.

Elle a l’air tantôt d’une mère, tantôt d’une amante ; tantôt elle tremble, tantôt elle brûle d’un chaste feu, et me montre dans son parler, ce que je dois éviter ou suivre en ce voyage ;

Comptant les hasards de notre vie, priant pour que mon âme ne tarde pas à prendre son vol ; et seulement quand elle parle, j’ai trêve ou repos.


SONNET XVIII.

Elle revient le réconforter par ses conseils, et il lui est impossible de ne pas s’y soumettre.

Si cette brise suave formée par les soupirs que j’entends, poussés par celle qui fut ma Dame, et qui est maintenant au ciel et semble toujours être ici, et vivre, et sentir, et aller, et aimer, et respirer,

Pouvait être retracée, oh ! quels chauds désirs