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ciel nous montra, que la terre nous cache, et qui, toujours vivante, répond de si loin à mes soupirs,

Ah ! pourquoi te consumes-tu avant le temps ? me dit-elle d’un air de pitié ; à quoi sert de répandre par tes tristes yeux un douloureux fleuve ?

Ne pleure pas sur moi ; car, par la mort, mes jours sont devenus éternels ; et quand je parus fermer les yeux, je les ouvris à l’éternelle lumière.


SONNET XII.

Il se rappelle les anciens liens d’amour et dédaigne les nouveaux.

Je ne fus jamais en un lieu où je visse si clairement celle que je voudrais voir, depuis que je ne l’ai plus vue ; ni où je me sois arrêté avec une liberté telle ; ni où le ciel s’emplisse de si amoureuses clameurs.

Et je ne vis jamais de vallées renfermer tant d’endroits propices et sûrs pour y soupirer ; et je ne crains pas qu’Amour ait eu jadis, en Chypre ou sur tout autre rivage, de si suaves nids.

Les eaux y parlent d’amour, et la brise, et les rameaux, et les petits oiseaux, et les poissons, et les fleurs, et l’herbe, tous ensemble me prient d’aimer toujours.

Mais toi, âme bien née, qui m’appelles du haut du ciel, par le souvenir de ta mort cruelle tu me pries de mépriser le monde et ses doux appâts.


SONNET XIII.

Il la voit à Vaucluse sous diverses figures, et le regardant toujours avec compassion.

Combien de fois, vers mon doux refuge, fuyant les autres et, s’il se peut, moi-même, je vais baignant des