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loyal à moi seul ; car tu donnes asile à de farouches cohortes, et tu t’es fait l’allié de mes ennemis si prompts et si expéditifs.

C’est en toi qu’Amour cache ses messagers secrets, en toi que la Fortune déploie toute sa pompe, et que la Mort renouvelle la mémoire du coup

Qui doit briser ce qui reste de moi ; c’est en toi que les pensers errants s’arment d’erreur ; c’est pourquoi, de tous mes maux, c’est toi seul que j’accuse.


SONNET VII.

Il cherche à apaiser ses pensées en songeant au ciel.

Mes yeux, notre soleil est obscurci, ou plutôt il est monté au ciel et il y resplendit ; là nous le verrons encore ; là il nous attend et il s’afflige peut-être de notre retard.

Mes oreilles, les angéliques paroles résonnent dans un lieu où on les comprend mieux. Mes pieds, vous n’avez pas la faculté d’aller là où est celle qui a coutume de vous faire courir.

Donc, pourquoi me faites-vous une telle guerre ? Ce n’est pas moi qui suis cause qu’il ne vous est plus permis de la voir, de l’entendre et de la retrouver sur la terre.

Blâmez-en la Mort ; ou plutôt louez celui qui lie et délie, et qui en un même instant ouvre et ferme, et après les pleurs sait rendre heureux.