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DEUXIÈME PARTIE
SONNETS ET CANZONES
APRÈS LA MORT DE MADAME LAURE

SONNET I.

Il fait l’éloge de Laure pour adoucir la douleur que lui a causé sa mort.

Hélas ! le beau visage, hélas ! le suave regard ; hélas ! le gracieux et noble maintien ; hélas ! le parler qui adoucissait l’esprit le plus âpre et le plus farouche, et aurait rendu vaillant l’homme le plus lâche ;

Et le doux rire, hélas ! d’où sortit le dard dont je n’espère désormais d’autre bien que la mort ; âme royale, on ne peut plus digne de l’empire, si tu n’étais pas descendue si tard parmi nous !

Il faut que pour vous je brûle et qu’en vous je respire ; car je fus uniquement à vous ; et si de vous je suis séparé, tous les autres malheurs me font bien moins gémir.

Vous m’emplîtes d’espérance et de désir quand je m’éloignai de mon suprême bien encore vivant ; mais le vent emportait mes paroles.