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Afin que je ne voie pas ce grand malheur public, et le monde rester sans son soleil, ainsi que mes yeux qui n’ont pas d’autre lumière,

Et mon âme, qui ne veut point penser à autre chose, et mes oreilles qui ne savent rien écouter, si ce n’est ses chastes et douces paroles.


SONNET CLXXXVIII.

Pour qu’on ne dise pas qu’il outrepasse la vérité dans ses éloges, il invite tout le monde à voir Laure.

Il semblera peut-être à d’aucuns qu’en louant celle que j’adore sur terre, mon style ait exagéré, quand je l’ai faite au-dessus de toute autre, noble, sainte, sage, gracieuse, chaste et belle.

Pour moi, il me semble le contraire ; et je crains qu’elle n’ait en dédain mon langage beaucoup trop humble, digne qu’elle est d’un langage bien plus élevé et bien plus habile ; et que celui qui ne le croit pas, s’en vienne et la regarde.

Il dira bien : la chose à laquelle celui-ci aspire suffirait à fatiguer Athènes, Arpino, Mantoue et Smyrne, et l’une et l’autre lyre.

Langue mortelle ne peut atteindre à sa nature divine ; Amour la pousse et l’excite, non parce qu’elle a été choisie pour cela, mais parce que c’était sa destinée.


SONNET CLXXXIX.

Quiconque l’aura vue, devra confesser qu’on ne peut trop la louer.

Que celui qui veut voir tout ce que Nature et le Ciel peuvent faire parmi nous, vienne regarder celle-ci qui seule est un Soleil, non pas seulement à mes