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vers ce céleste royaume, et exciter son cœur de l’éperon ; car le chemin est long et le temps est court.


SONNET CLXXXVI.

Il se réjouit des paroles flatteuses que lui a adressées un ami en présence de Laure.

Deux roses fraîches et cueillies en paradis avant-hier, quand naissait le premier jour de mai, tel est le beau présent partagé également par un amant antique et sage, entre deux autres plus jeunes.

Et cela avec un rire à énamourer un homme sauvage, et un parler si doux qu’il fît changer de visage à l’un et à l’autre, et le fît briller d’un rayon amoureux.

Le soleil n’a pas vu un semblable couple d’amants, disait-il en riant et en soupirant tout à la fois, et les serrant toutes les deux dans sa main, il regardait autour de lui.

C’est ainsi qu’il partagea les roses et les paroles ; et mon cœur lassé s’en réjouit et en tremble encore. Ô bienheureuse éloquence ! Ô jour heureux !


SONNET CLXXXVII.

La mort de Laure sera un malheur public ; il supplie le ciel de le faire mourir avant elle.

Laure, qui par ses soupirs suaves agite le vert laurier et la chevelure d’or, fait avec ses airs gracieux et amoureux sortir les âmes de leur corps.

Rose candide, née sur de rudes buissons ! Quand trouvera-t-on sa pareille au monde ? Gloire de notre âge ! Ô vivant Jupiter, ordonne, je t’en prie, mon trépas avant le sien ;