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pleurer, car, bien que je sois un corps mortel fait de terre, mon ferme désir vient des étoiles.

Avant que je retourne à vous, brillantes étoiles, ou que je tombe dans l’amoureuse forêt, y laissant mon corps qui deviendra poussière ténue, puissé-je voir en elle quelque pitié ; car en un seul jour elle peut réparer bien des années, et avant que reparaisse l’aube, elle peut m’enrichir dès le coucher du soleil.

Avec elle que ne fussé-je, à partir du moment où le soleil disparaît, et que ne pussions-nous voir autres choses que les étoiles, seulement une nuit ; et que jamais ne vînt l’aube, et qu’elle ne se transformât point en une verte plante pour s’échapper de mes bras, comme le jour où Apollon la poursuivait sur la terre.

Mais je serai sous terre entre de sèches planches, et l’on verra, de jour, le ciel plein d’étoiles serrées, avant que le soleil arrive à une aube si douce.


CANZONE I.

Il a perdu sa liberté et est devenu l’esclave de l’Amour. — Il décrit et déplore cette situation.

Je chanterai — car en chantant la douleur s’apaise — comment au doux temps de ma première jeunesse, qui vit naître presque en herbe la cruelle passion si accrue depuis pour mon malheur, je vécus en liberté tant que je dédaignai d’accueillir Amour en mon sein ; puis je poursuivrai en disant comment Amour se courrouça vivement de ce dédain, et ce qui m’en advint ; en quoi je puis servir d’exemple à bon nombre de gens. Je dirai tout cela, bien que mon dur martyre soit écrit de façon que mille plumes en soient