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pirs sans fin l’ont maintenant poussée, — car c’est la nuit et c’est l’hiver sur ma mer horrible —

Là, où elle porte des ennuis pour autrui et pour elle-même des douleurs et des tourments, et non autre chose, déjà vaincue qu’elle est par les ondes, et désarmée de ses voiles et de son gouvernail.


SONNET CLXXIX.

Puisque Amour est cause de ses fautes, il le prie de faire que Laure le comprenne et les lui pardonne.

Amour, je suis en faute et je vois mon erreur ; mais je fais comme un homme qui brûle et qui a le feu dans son sein, car la douleur croît sans cesse, et la raison s’en va et est déjà quasi vaincue par le martyre.

J’étais accoutumé à refréner mon ardent désir, pour ne pas troubler le beau et serein visage ; je ne le puis plus ; tu m’as arraché le frein de la main, et mon âme, dans son désespoir, est devenue audacieuse.

Donc, si contre son habitude, elle s’aventure, c’est toi qui en est cause, car tu l’enflammes et tu l’éperonnes si bien que, pour son salut, elle affronte les voies les plus rudes.

Mais ce qui en est encore plus cause, ce sont les rares et célestes dons que possède en soi ma Dame. Or, fais qu’au moins elle le comprenne, et qu’elle pardonne et mes fautes et elle-même.


SIXAIN VII.

Il désespère de pouvoir se délivrer de tant de maux qui l’accablent.

La mer n’a pas autant d’animaux parmi ses ondes, et jamais là-haut, au-dessus du cercle de la Lune, aucune nuit n’a vu autant d’étoiles ; il n’y a pas au-