Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SONNET CLXXVII.

Ne trouvant pas de consolation en lui-même, ni dans la solitude, il la cherche parmi les hommes.

Ô chambrette, qui déjà a été un port pour mes graves tempêtes diurnes, tu es maintenant la fontaine de mes larmes nocturnes que, le jour, je tiens cachées par vergogne.

Ô petit lit, qui étais mon repos et mon confort en de telles angoisses, de quelles urnes douloureuses Amour t’arrose-t-il avec ces mains d’ivoire, si injustement cruelles envers moi seul ?

Et ce n’est pas seulement la solitude et le repos que je fuis, mais c’est surtout moi-même et ma pensée qui, alors que parfois je la suis, m’emporte dans son vol.

Le vulgaire, qui m’est ennemi et odieux, voilà — qui l’eût jamais pensé ! — le refuge que je cherche, tellement j’ai peur de me retrouver seul.


SONNET CLXXVIII.

Il sait bien qu’il l’ennuie à la regarder sans cesse, mais il s’en excuse en rejetant la faute sur Amour.

Hélas ! Amour m’emporte où je ne veux pas ; et je m’aperçois bien que je dépasse les limites du devoir ; c’est pourquoi, à celle qui siège en reine dans mon cœur, je suis bien plus importun que d’habitude.

Et jamais sage nocher ne garantit de l’écueil un navire chargé de marchandises précieuses, aussi soigneusement que j’ai toujours cherché à garantir ma frêle barque des chocs de son dur orgueil.

Mais la pluie de larmes et les vents furieux de sou-