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SONNET CLXII.

Laure est un soleil. Tout sera beau tant qu’elle vivra ; tout deviendra obscur à sa mort.

Quelque gracieuses et belles que soient toutes les dames parmi lesquelles apparaisse celle qui n’a pas sa pareille au monde, elle est habituée, rien qu’avec son beau visage, à faire des autres ce que fait le soleil des étoiles subalternes.

Il me semble qu’Amour me parle à l’oreille, disant : tant que celle-ci se montrera sur terre, la vie sera belle, et puis nous la verrons s’assombrir ; nous verrons périr les vertus et mon règne avec elles.

Comme si Nature enlevait au ciel la lune et le soleil, les vents à l’air ; à la terre les herbes et les feuillages ; à l’homme l’intelligence et la parole,

Et à la mer les poissons et les ondes ; ainsi et bien plus s’obscurciront les choses et le soleil, si la mort ferme et cache ses yeux.


SONNET CLXIII.

Le soleil se lève et les étoiles disparaissent ; Laure se lève et le soleil disparaît.

Les chants nouveaux et les plaintes des oiseaux font, au lever du jour, se réveiller les vallons, mêlés au murmure des liquides descendant, étincelants et rapides, le long de leurs fraîches rives.

Celle qui a le visage de neige et les cheveux d’or, et dont l’amour ne contint jamais tromperies ni méprises, me réveille au son des ballets amoureux, peignant les cheveux blancs de son vieil époux.

Ainsi je m’éveille pour saluer l’Aurore et le Soleil