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pleins de larmes et malades, et je sais bien que je cours après ce qui me brûle.


SONNET XVI.

Il essaye vainement, à plusieurs reprises, de louer les beautés de sa Dame.

Rougissant parfois, madame, de n’avoir pas fait encore de rimes pour votre beauté, je me rappelle le temps où je vous vis pour la première fois, telle que jamais une autre ne pourra désormais me plaire.

Mais je trouve que c’est un poids trop lourd pour mes bras, et une œuvre que ma lime ne saurait polir. Aussi mon esprit, qui juge sa force, se glace complètement pendant cet essai.

Plusieurs fois déjà j’ai ouvert les lèvres pour parler ; puis la voix est restée au milieu de la gorge ; mais quel son pourrait monter si haut ?

Plusieurs fois j’ai commencé à écrire des vers ; mais la plume, et la main, et l’intelligence sont restées vaincues au premier assaut.


SONNET XVII.

Il montre que son cœur est en danger de mourir, si Laure ne vient pas à son secours.

Mille fois, ô ma douce ennemie, pour avoir la paix avec vos beaux yeux, je vous ai offert mon cœur ; mais il ne vous plaît point de regarder si bas, avec votre esprit altier.

Et si par hasard quelque autre dame espère l’avoir, elle vit dans un espoir débile et trompeur. Mon cœur, parce qu’il dédaigne ce qui vous déplaît, ne peut plus jamais redevenir comme il était.