Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ma chanson, je resterai ferme sur le champ du combat, car c’est un déshonneur de mourir en fuyant ; et c’est moi seul que je reprends de tant de lamentations, si doux est mon sort, et si doux sont mes pleurs, mes soupirs et ma mort. Serf d’Amour, qui vois ces rimes, le monde n’a pas de bien qui se puisse comparer à mon mal.


SONNET CLIII.

Il prie le Rhône, qui descend vers le pays de Laure, de lui baiser le pied ou la main.

Fleuve rapide qui, né dans les Alpes, tourne tout autour d’elles, d’où tu prends ton nom, et qui, nuit et jour, descends avec moi là où Nature te mène et où, moi, Amour me conduit,

Va en avant ; ta course n’est arrêtée ni par la fatigue, ni par le sommeil, et avant que tu rendes à la mer ce qui lui est dû, regarde bien là où l’herbe se montre plus verte et l’air plus serein.

C’est là qu’est notre vif et doux soleil, qui pare et fleurit ta rive gauche ; peut-être, ou du moins je l’espère, mon retard l’afflige.

Baise son pied, ou sa main belle et blanche. Dis-lui : que ce baiser remplace les paroles. L’esprit est prompt, mais la chair est lente.


SONNET CLIV.

Absent de Vaucluse, il y a toujours été, il y sera toujours présent par la pensée.

Les douces collines où je me suis laissé moi-même en partant d’où je ne puis jamais partir, fuient devant