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Efforce-toi de t’élever vers le ciel, ô mon courage fatigué ; pénètre dans le nuage de ses doux dédains, et suis les pas honnêtes de Laure et le rayon divin de ses yeux.


SONNET CLII.

Il se console en pensant qu’un jour son sort sera envié.

Douces colères, doux dédains et doux apaisements ; doux mal, douce angoisse et doux fardeau ; doux parler doucement compris, tantôt plein de froideur et tantôt si ardent !

Mon âme, ne te plains pas, mais souffre et tais-toi, et tempère la douce amertume qui nous a blessés par le doux honneur que tu retires d’aimer celle à qui j’ai dit : toi seule me plais.

Peut-être arrivera-t-il encore que quelqu’un, ému d’une douce jalousie, dise en soupirant : Celui-ci souffrit en son temps pour un très bel amour.

D’autres diront aussi peut-être : ô fortune ennemie de nos yeux ! pourquoi ne l’ai-je pas vue, moi ? Pourquoi ne naquit-elle pas plus tard, ou pourquoi ne suis-je pas né plus tôt moi-même ?


CANZONE XV.

Il cherche à persuader Laure qu’il est faux qu’il ait dit qu’il aimait une autre dame.

Si je l’ai jamais dit, que je vienne en haine à celle dont l’amour me fait vivre, et sans lequel je mourrais. Si je l’ai dit, que mes jours soient courts et maudits, et que mon âme soit esclave d’une vile passion ; si je l’ai dit, que chaque étoile s’arme contre moi, que la peur et la jalousie soient mon partage, et que mon