Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

semblent prier que son beau pied les foule et les touche.

Et le ciel s’enflamme tout alentour d’ardentes et brillantes étincelles, et se réjouit visiblement de la sérénité que lui donnent de si beaux yeux.


SONNET CXL.

Rien ne se peut imaginer de plus parfait que Laure.

Je repais mon esprit d’une si noble nourriture, que je n’envie pas à Jupiter l’ambroisie ni le nectar ; car admirant uniquement Laure, l’oubli de toutes les autres douceurs tombe sur mon âme, et je bois le Lethé jusqu’au fond.

Chaque fois que je l’entends parler, j’inscris ses paroles en mon cœur, parce que j’y retrouve toujours matière à soupirer ; ravi par la main d’Amour, je ne sais où, je goûte en une seule fois une double douceur.

Car cette voix agréable au ciel même, résonne en paroles si gracieuses et si chères, que celui qui ne les a pas entendues ne pourrait se l’imaginer.

Alors, dans l’espace de moins d’une palme, apparaît visiblement tout ce qu’ici-bas l’art, le génie, la nature et le ciel peuvent faire.


SONNET CXLI.

En approchant du pays de Laure, il sent la force de son amour pour elle.

La brise gentille qui rassérène les monts, réveillant les fleurs par ce bois ombreux, je la reconnais à son souffle suave, qui me fait croître en souffrance et en renommée.

Pour retrouver où appuyer mon cœur lassé, je fuis