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monts parfumés de l’Arabie, alors qu’il vole d’un air altier dans nos cieux.


SONNET CXXXIII.

Les plus fameux poètes n’auraient pas chanté autre chose que Laure, s’ils l’avaient vue.

Si Virgile et Homère avaient vu ce Soleil que je vois avec mes yeux, ils auraient mis tous leurs soins à lui donner la renommée, et ils auraient pour cela uni leurs deux styles.

De quoi se seraient courroucés et attristés Achille, Ulysse et les autres demi-dieux, et celui qui pendant cinquante-six ans régit si bien le monde, et celui qui fut tué par Egisthe.

Combien la fleur antique de vertus et de qualités guerrières eut un destin semblable à cette fleur moderne d’honneur et de beauté !

Ennius chanta l’une en vers rustiques ; et moi je chante l’autre ; oh ! puisse-t-elle ne pas trouver mon génie importun, et ne pas mépriser mes louanges !


SONNET CXXXIV.

Il craint que ses rimes ne soient pas aptes à célébrer dignement le mérite de Laure.

Alexandre, arrivé devant le tombeau fameux du fier Achille, dit en soupirant : heureux, toi qui as trouvé une si éclatante trompette pour célébrer ta gloire, et un poète qui a si magnifiquement écrit sur toi !

Mais cette pure et candide colombe, dont je ne sais pas si la pareille a jamais vécu au monde, retentit bien peu dans mon faible style ; ainsi chacun a ses destins marqués.