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SONNET CXXXI.

Il se lamente, car il craint que la maladie de Laure ne la fasse mourir.

Amour, Nature et l’humble et belle âme où toutes les vertus résident et règnent, sont conjurés contre moi. Amour s’efforce de me faire mourir tout à fait, et en cela je suis sa volonté.

Nature tient Laure dans un si frêle filet, qu’il ne pourrait résister au moindre effort ; Laure est si fière, qu’elle dédaigne de rester plus longtemps en cette vie fatigante et vile.

Ainsi le souffle s’affaiblit de moment en moment dans ces beaux et précieux membres qui étaient un miroir de véritable grâce.

Et si la pitié ne met pas un frein à la mort, hélas ! je vois bien où en sont les vaines espérances dans lesquelles je vivais.


SONNET CXXXII.

Il attribue à Laure toutes les beautés et les rares dons du Phénix.

Ce Phénix fait sans art, avec ses plumes dorées, un si précieux collier à son beau col blanc, au port si noble, qu’il séduit tous les cœurs et consume le mien.

Il forme un diadème naturel qui illumine l’air tout autour de lui, et d’où le doigt silencieux d’Amour tire un subtil feu liquide qui me brûle par la plus froide brume.

Un vêtement de pourpre, aux bords de couleur azurée et parsemé de roses, voile ses belles épaules ; vêtement étrange et dont la beauté est unique.

La renommée le fait vivre et se cacher au sein des