Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui marches à l’encontre du soleil quand il nous ramène le jour, et qui laisses au Ponant un soleil bien plus beau,

Tu t’en vas, emportant sur ton dos ce qui de moi est mortel ; l’autre partie, couverte d’amoureuses plumes, retourne en volant à son doux séjour.


SONNET CXXVIII.

Il fut pris, au moment où il y pensait le moins, par Amour caché sous un laurier.

Amour tendit parmi les herbes un beau filet d’or et de perles, sous un rameau de l’arbre toujours vert que j’aime tant, bien que son ombre me soit plus triste que joyeuse.

L’appât fut la semence qu’il répand et qu’il émiette, à la fois douce et amère, que je redoute et que je désire. Depuis le jour où Adam ouvrit les yeux, jamais ses accents ne furent si suaves et si doux.

Et l’éclatante lumière qui fait disparaître le soleil flamboyait autour de moi ; et la corde qui devait me lier, était enroulée autour de cette main dont la blancheur surpasse celle de l’ivoire et de la neige.

C’est ainsi que je tombai dans les filets, et que me firent prisonnier les nonchalantes attitudes et les angéliques paroles, et le plaisir, et le désir, et l’espérance.


SONNET CXXIX.

Il brûle d’amour pour Laure, mais il n’est pas jaloux, car sa vertu est excessive.

Amour, qui consumes mon cœur d’un zèle ardent, le tiens serré par la peur glacée, et ce qui est bien