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la douceur et l’amertume dont je me rejouis ; la même main me blesse et me guérit.

Et pour que mon martyre n’arrive jamais à sa fin, je meurs et je renais mille fois par jour, tellement je suis éloigné de ma guérison.


SONNET CXIII.

La démarche, les regards, les gestes et les paroles de Laure le jettent en extase.

Quand son pied candide meut doucement et paisiblement ses pas dans l’herbe fraîche, il semble qu’une vertu naisse de ses tendres plantes, et entr’ouvre et renouvelle les fleurs tout autour d’elle.

Amour qui seul englues les nobles cœurs, et dédaignes d’essayer ses forces d’un autre côté, fais pleuvoir de ses beaux yeux un plaisir si grand, que je n’aie souci d’aucun autre bien, et que je ne demande pas d’autre nourriture.

Avec sa démarche, avec son suave regard s’accordent ses douces paroles, son attitude pleine de mansuétude, humble et digne à la fois.

C’est de ces quatre étincelles — et elles ne sont pas les seules — que naît le grand feu dont je brûle et qui me fait vivre, car je suis devenu comme un oiseau de nuit au soleil.


SONNET CXIV.

Le bruit des soupirs et des paroles de Laure, est la seule cause qui le fait vivre.

Quand Amour incline les beaux yeux de Laure vers la terre, et rassemblant dans sa main en un seul