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SONNET CXI.

Il rapportera toutes les peines d’Amour, pourvu que Laure le voie et s’en montre satisfaite.

Amour, qui vois ma pensée toute découverte et les durs chemins par lesquels toi seul me mènes, plonge les yeux au fond de mon cœur, ouvert pour toi et fermé pour tous les autres.

Tu sais ce que j’ai déjà souffert pour te suivre ; et pourtant tu m’entraînes chaque jour de précipice en précipice, et tu ne t’aperçois pas que je suis si las et que le sentier est trop rude pour moi.

Je vois bien de loin la douce lumière vers laquelle tu me pousses et me diriges par d’âpres voies ; mais je n’ai pas comme toi des ailes pour voler.

Laisse mes désirs se satisfaire, pourvu que je me consume à bien désirer, et que mes soupirs ne déplaisent point à Laure.


SONNET CXII.

Il est toujours inquiet, parce que Laure peut le faire mourir et ressusciter en un seul moment.

Maintenant que le ciel, et la terre, et le vent, tout se tait ; que les bêtes et les oiseaux sont domptés par le sommeil ; que la nuit mène en rond son char étoilé, et que la mer sans vagues repose dans son lit.

Je vois, je pense, je brûle, je pleure ; et celle qui me consume ainsi est toujours devant mes yeux, pour ma douce peine. L’état où je suis, est une guerre pleine de colère et de douleur ; et c’est seulement quand je pense à cela, que j’ai quelque paix.

Ainsi d’une même source claire et vive découlent