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n’a jamais vu ses yeux, quand elle les tourne doucement.

Il ne sait pas comment Amour guérit et comment il tue, celui qui ne sait pas comme doucement elle soupire, et comme doucement elle parle, et comme doucement elle rit.


SONNET CVIII.

Qu’elle parle, qu’elle rie, qu’elle regarde, qu’elle soit assise, ou qu’elle marche, c’est une chose merveilleuse.

Amour et moi, aussi remplis d’étonnement que celui qui voit par hasard une chose incroyable, nous regardions Laure, quand elle parle ou qu’elle rit, car elle ne ressemble à personne autre qu’à elle-même.

À la belle clarté qui tombe de ses tranquilles sourcils, mes deux étoiles fidèles étincellent si bien, qu’aucune autre lumière ne pourrait enflammer ou guider quiconque se propose d’aimer d’une noble affection.

Quelle merveille, quand, parmi l’herbe, comme une fleur elle s’assied ! Ou quand elle presse sur son sein candide une verte branche d’aubépine !

Quelle douceur, dans la saison tendre, de la voir aller seule, emportant ses pensées avec elle, tressant une couronne pour l’or de sa chevelure élégante et bouclée !


SONNET CIX.

Tout ce qu’il fait lui est une cause de tourment.

Pas épars, pensers instables et rapides, mémoire tenace, fière ardeur, puissant désir, cœur débile, et vous mes yeux, non pas des yeux à vrai dire, mais des fontaines ;