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se sent défaillir, espère échapper par la fuite à ses douleurs ; car on ne peut plus rien quand on ne peut même pas mourir.


SONNET CI.

Il essaye d’attendrir Laure par ses soupirs, et en regardant son doux visage, il espère.

Allez, brûlants soupirs, au cœur froid de Laure ; rompez la glace qui fait obstacle à sa pitié ; et, si une prière mortelle est écoutée dans le ciel, que la mort ou qu’un doux merci mette fin à ma douleur.

Allez, doux pensers ; parlez-lui de ce que son beau regard ne peut pas voir ; et si son dédain et ma mauvaise étoile nous sont hostiles, nous ne conserverons plus d’espérance, et nous serons tirés d’erreur.

Vous pouvez bien dire, quoique d’une manière très incomplète, que notre état est aussi inquiet et sombre que le sien est calme et serein.

Allez désormais en toute sûreté, car Amour s’en ira avec vous ; et la fortune mauvaise pourra bien s’adoucir, si je sais juger du temps aux signes de mon Soleil.


SONNET CII.

Les honnêtes pensées de Laure et sa beauté sont sans rivaux.

Les étoiles et le ciel, et tous les éléments ont déployé tout leur art et tout leur soin pour former la vive lumière où la nature et le soleil se mirent, ne trouvant rien qui l’égale.

L’œuvre est si élevée, si belle et si extraordinaire, que le regard mortel n’ose pas la fixer, tellement aussi il semble qu’Amour ait répandu hors de toute