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SONNET XCVII.

Il ne sait écrire des vers dignes de Laure que sur les rives de la Sorgue et à l’ombre du Laurier.

Non, le Tessin, le Pô, le Var, l’Arno, l’Adige, le Tibre, l’Euphrate, le Tigre, le Nil, l’Hermus, l’Indus et le Gange, le Tanaüs, l’Istrée, l’Alphée, la Garonne et la mer qui l’entoure, le Rhône, l’Ebre, le Rhin, la Seine, l’Albia, l’Ero, l’Ebre ;

Non, le lierre, le sapin, le pin, le hêtre ou le genévrier, ne pourraient apaiser le feu qui consume mon triste cœur, comme le beau ruisseau qui pleure sans cesse avec moi, comme l’arbuste que je célèbre et que je pare dans mes rimes.

Voilà le seul secours que je trouve contre les assauts de l’Amour ; d’où il faut que je passe tout armé la vie qui s’enfuit à si grandes enjambées.

Que le beau laurier croisse donc sur la fraîche rive ; et que celui qui le planta, écrive, sous son doux ombrage, de hautes et de belles pensées.


BALLADE VI.

Bien qu’elle ne lui soit point sévère, il n’a le cœur ni tranquille, ni content.

De temps en temps, sont moins durs pour moi l’angélique figure et le doux rire, et l’air du beau visage de Laure ; et moins sombre est l’éclat de ses beaux yeux.

Que font désormais chez moi ces soupirs, nés de la douleur, et qui montraient au dehors mes angoisses et ma vie désespérée ? S’il arrive que je jette les regards vers Laure, pour apaiser mon cœur, il me semble voir Amour plaider ma cause et m’apporter