Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui seule fus jadis le séjour intact de l’honneur ; tour solidement assise sur d’éminentes qualités ;

Ô flamme, ô roses éparses sur de tendres flocons de neige vive, où je me mire et me réconforte ; ô plaisir qui me fait élever les ailes jusqu’au beau visage qui brille sur tout ce que le soleil éclaire ;

Si mes rimes étaient comprises si loin, votre nom emplirait tout l’univers, des bords du Nil, à l’Atlas et à l’Olympe.

Puisque je ne puis le porter dans les quatre parties du monde, je le ferai entendre au beau pays que partage l’Apennin, et que la mer et les Alpes environnent.


SONNET XCVI.

Les regards à la fois doux et sévères de Laure l’encouragent dans sa timidité, et l’arrêtent dans son audace.

Quand la passion, qui me mène et me gouverne avec deux éperons ardents et un dur frein, surmonte de temps en temps sa réserve accoutumée, afin de contenter en partie mes sens,

Il se trouve qu’on lit sur mon front les frayeurs et les audaces qui s’agitent au plus profond de mon cœur ; et Amour voit déjouer ses desseins, et l’éclair briller dans les yeux perçants et courroucés de Laure.

Alors, comme celui qui redoute les coups de Jupiter irrité, il se rejette en arrière, car une grande peur apaise un grand désir.

Mais parfois, par un doux regard, Laure adoucit le feu glacial et l’espoir plein de crainte, en mon âme où elle voit comme à travers un verre.