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des pieds-noirs ou ninnax

Mais, quand ils arrivèrent au Napiwoyés du chef, leurs chants de joie furent accueillis par des chants de deuil ; leur enquête fut reçue avec des larmes et des regrets cuisants ; leur joie ne rencontra qu’un sombre désespoir.

Ils comprirent tout. Mais lorsqu’ils surent que leurs amantes s’étaient suicidées par amour pour eux, qu’elles leur étaient restées fidèles jusque dans la mort, les trois jeunes hommes jurèrent de les suivre dans leur destin, de ne point demeurer en arrière de générosité.

Sans rien dire de leur dessein, ils serrèrent silencieusement les mains du vieillard, chassèrent devant eux le troupeau de soixante chevaux qu’ils avaient capturé sur leurs ennemis, le conduisirent au sommet du rocher escarpé, où leurs amantes éplorées s’étaient donné la mort, et le forcèrent de se jeter en bas. Puis ils entonnèrent tous trois leur chant de mort, et se tenant par la main, ainsi qu’avaient fait les jeunes filles, ils se précipitèrent, comme elles, dans l’abîme.

Ainsi finit la véritable histoire des trois amants Pieds-Noirs[1].

(Racontée, en 1879, au fort Pitt,
par le même.)


  1. Il y a, dans cette histoire ou légende, une foule de sentiments tout à fait inconnus aux Indiens Peaux-Rouges ; elle