— Les grues n’ont pas de foie, répondit le Blanc.
— Me mens pas, dit Manito. Qu’en as-tu fait ? car je sais bien que les grues ont un foie comme les autres animaux.
— Voilà où tu te trompes, répondit le Blanc avec assurance. Depuis que le monde existe, jamais les grues n’ont eu de foie.
— Eh bien ! sache, ami, répliqua le chasseur, que c’est moi qui ai tout fait ; car je suis le Grand-Esprit. J’ai fait les grues comme les autres oiseaux, et je sais fort bien que je leur ai donné un foie.
Le Blanc persista dans son mensonge.
— Il ment, pensait-il, en prétendant être le Grand-Esprit.
C’est pourquoi il ajouta :
— Il est possible que tu sois ce que tu dis être, mais il n’est pas moins vrai que tu as oublié de donner un foie aux grues.
Alors Kitchi-Manito, pour toute réponse et pour tenter son compagnon, tout en lui prouvant sa toute-puissance, mit la main dans son sein, et, l’en retirant pleine de soniaw (de l’argent), il dit au Blanc :
— Hélas ! je pensais avoir donné un foie aux grues comme aux autres oiseaux, et j’apprends avec peine que je me suis trompé. Ah ! que je