seul du produit de ma chasse. Que chacun de nous deux soit à ses pièces.
— Cela n’est pas bon ainsi, répondit l’inconnu, le Bon-Esprit n’a point institué l’égoïsme. Il veut que tout soit commun à tous. Vivons donc et partageons en frères.
Le Blanc se défendit longtemps contre cette proposition. Cependant, réfléchissant qu’il était mauvais chasseur et qu’il aurait plus à perdre qu’à gagner en demeurant seul, il finit par y consentir. Mais il ignorait que l’étranger qu’il venait de rencontrer était Kitchi-Manito lui-même.
— Or sus, mon frère, dit le chasseur, tu vas allumer ici du feu pendant que j’irai chasser pour nous deux.
Il prit ses armes et s’en alla dans la Grande-Prairie, où il tua une grue blanche.
Revenu au feu du bivouac, le Cris dit au Blanc :
— Mon frère, tiens, apprête cet oiseau que je viens de tuer. Pendant que tu le feras cuire, je vais encore chasser.
Le Blanc était bien aise de n’avoir que la portion de travail la plus facile. Il laissa repartir son compagnon et fit la cuisine. Quand le Manito revint de la chasse, il trouva que le Blanc avait déjà mangé le foie de la grue.
— Qu’as-tu donc fait du foie de cet oiseau ? dit-il au Blanc.