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légendes et traditions des cris

et quand ils y revinrent, hélas ! ils n’y retrouvèrent plus leurs amis les Blancs. Tous étaient morts, à l’exception d’un seul homme, qui vivait bien malheureux et dans un dénuement absolu.

Les Cris eurent encore pitié de cet infortuné Blanc. Ils le recueillirent, le soignèrent, lui donnèrent des vêtements de peau, lui servirent à manger et le considérèrent dès lors comme l’un d’entre eux.

Mais ce Blanc mangeait dix fois autant qu’un Cris. Il était insatiable, et bientôt il fut à charge aux Cris par sa gloutonnerie. Ils lui dirent donc un jour :

— Beau-frère, tu as des armes, tâche donc de te faire vivre toi-même, tout en demeurant parmi nous.

Le Blanc en prit son parti. Il partit pour la chasse, se fatigua énormément, ne tua rien, fît les dents longues et revint affamé comme un loup.

Les Cris en eurent encore pitié, et ils le nourrirent. Un jour, pourtant, ce Blanc rencontra un Cris qui chassait tout seul et qu’il ne connaissait pas,

— Beau-frère, lui dit ce chasseur étrange, faisons alliance. Nous vivrons ensemble du produit de notre chasse et nous partagerons en frères.

— Oh ! non, dit le Blanc. Je préfère manger