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légendes et traditions des cris

terre et sur le bord de la Grande Eau. Comme les Cris y arrivaient, conduits par leurs rêves, les Blancs y abordaient conduits par leur raison. Mais ces derniers étaient pâles, défaits, dépenaillés et mourants de faim. Les Cris, au contraire, étaient forts, vigoureux, riches en provisions et en fourrures précieuses.

En hommes humains, les Cris eurent pitié des Blancs. Ils leur donnèrent de quoi se nourrir et se couvrir. Puis ils leur dirent :

— Tenez, voici un Massinaïgan (écrit, livre) que nous tenons du Grand Esprit. Il nous le donna dès le commencement pour que nous pussions nous conduire et être heureux sur cette terre ainsi que dans la terre supérieure. Mais le Grand Esprit, en nous donnant le livre, ne nous a point donné d’intelligence pour le déchiffrer ni le comprendre. Il ne nous est bon à rien. Prenez-le donc, et puisse-t-il vous être utile à quelque chose !

Les Blancs reçurent de la main des Cris le livre du Bon-Esprit avec respect, et repartirent avec lui et des provisions de voyage que les Cris leur donnèrent pour rien.

Plusieurs années après, les Cris s’entredirent :

— Allons encore vers l’Orient. Qui sait si nous ne reverrons pas ces hommes blancs que nous avions secourus ! Qui sait si, par hasard, ils