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légendes et traditions des cris

ailes. Si tu fais ainsi, et que tu t’introduises dans ma peau, tu essayeras de voler. Si tu parviens à voler, tu pourras traverser la mer. Voilà la seule chance qui te reste de sortir de cette île.

Elle dit, la mouette, et Ayatç se réveilla. Alors les choses se passèrent comme il venait de les rêver. Il aperçut une gigantesque mauve, il la tua, l’écorcha, se revêtit de sa peau et essaya de voler. Il y parvint un peu et se crut capable de pouvoir traverser la Grande Eau. Il s’envola donc hors de l’île, prit son vol à travers l’Océan ; mais les forces lui manquèrent, son oiseau faiblit, et il tomba dans la mer, pour y périr sur un rocher [1].

Cependant Ayatç s’endormit sur le récif aride lorsque, durant son sommeil, un monstre marin

  1. Comparez avec la légende d’Atsina (p. 63), et de Ratρonné (p. 174), revêtus de la défroque du grand aigle blanc appelé ailleurs Kodépalé, Olbalé, Opa, Odelpalé, c’est-à-dire la Candeur. Tels, les Mexicains prétendaient avoir été introduits dans l’Anahuac par Quetzal-Cohuatl, revêtu de la dépouille de l’oiseau Opis ou l’Invisible ; tels les Kolloches prêtent les ailes du grand aigle Chethl à leur législateur Yehl.

    Ce héros me paraît identique au dieu égyptien Kneph ou Cnuphis, homme à tête d’oiseau, appelé aussi l’Esprit de Dieu, et dont le fils s’appelait Opas ou Phtha.

    Nous avons également ici une figure hébraïque, témoin de ce passage de l’Apocalypse :

    On donna à la femme deux ailes d’un grand aigle, afin qu’elle s’envolât dans le désert. » (Ch. xii, v. 13 et 17.)