— Ne te lamente pas. Je sais où il y a du poisson. Tu as été bonne pour moi ; je le serai aussi pour toi.
Surprise d’entendre parler son nourrisson, la jeune fille le regarda, et elle crut voir la peau de renne qui le couvrait briller comme une flamme, tandis qu’une autre flamme entourait sa tête.
— Écoute, continua l’enfant, bientôt les Dènè seront heureux plus que jamais ; les rennes, obéissant à leur voix, viendront d’eux-mêmes se faire tuer et ne chercheront plus à fuir.
Quelques saisons s’écoulèrent ainsi, et l’enfant demeurait de taille exiguë ; mais la jeune fille n’était plus misérable. Il lui découvrait le poisson lors même qu’il se tenait caché sous la glace.
Un jour, l’enfant eut le désir d’aller se divertir dans la forêt. Elle lui chaussa ses petites raquettes, et il partit sans dire où il se rendait.
Le soir venu, il ne reparut pas. La pauvre fille, voyant la nuit venue, se mit à pleurer et à se lamenter sur son malheureux sort, croyant son fils adoptif mort de froid ou égaré, lorsque tout à coup celui qu’elle croyait perdu se trouva à ses côtés et déposa à ses pieds une grande quantité de langues de renne.
Au même instant, la forêt fut tout illuminée, car le monde accourait au-devant de Bé-tsuné-Yé-