Ils contrefirent donc l’action des chasseurs qui tuent un animal. Ils se saisirent de l’un d’entre eux, ils le tuèrent comme un vil animal, ils le dépouillèrent, l’écartelèrent, le dépecèrent, l’écorchèrent, le démembrèrent, et, toujours par manière de jeu, il allèrent en distribuer les quartiers dans chaque loge.
Alors, il se passa une chose inouïe : Comme jamais les Dènè n’avaient été témoins d’un crime si affreux, une épouvante indicible s’empara d’eux. Ils demeurèrent hors d’eux-mêmes, sans voix, et l’esprit si profondément troublé qu’ils en perdirent l’usage de la parole et ne purent plus se comprendre les uns les autres, tant ils étaient ahuris.
Ils se séparèrent donc ; ils s’enfuirent pleins d’épouvante, les uns d’un côté, les autres de l’autre. Et c’est ainsi que les langues se multiplièrent.
N. B. — Je dois faire remarquer ici un fait très curieux et qui me semble plus que caractéristique. Le lieu où Noë sortit de l’arche et où ses fils construisirent la première ville, d’après la Bible, s’appelle en arménien : Nachi-dhenan (lieu de la Descente). Or, en dindjié, l’un des dialectes dènè, Nachi-dhenan, signifie : Insensé, fou (Nachi), et peuple de femmes publiques (Zhœnan, que les missionnaires écrivent Dhœnan) ; ce qui correspond parfaitement au nom de Babel ou Babilous : Confusion.