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légendes

Cependant on s’entredisait :

— Où sont les cadavres des hommes que l’inondation a détruits, et pourquoi n’en voyons-nous pas ?

En vain on les chercha. On ne vit de cadavres humains nulle part. Alors le geai bleu dit encore :

— Là-bas, sur le rivage, j’ai vu, oui j’ai vu les mouettes et les goëlands qui s’en disputaient les lambeaux et les dévoraient.

C’est assez ; il y eut de nouveau beaucoup d’hommes, beaucoup d’animaux, et l’on continua à vivre de la même manière que l’on vit de nos jours sur la terre.

Quelque temps après l’inondation, l’eau vint à manquer complètement. Le grand Butor (T’ulkudhi), qui l’avait toute bue, était étendu sur le sable, le ventre au soleil. Il était gonflé comme une outre.

Etsiyé (le grand-père) se rendit donc vers l’hydre, suivi de tous les animaux qui, comme lui, étaient altérés et cherchaient l’eau.

Quand il se vit ainsi surpris et entouré, le Grand Buveur d’eau essaya de gagner ses ennemis en excitant leur pitié, afin qu’ils l’épargnassent. Il feignit donc d’être malade :

— J’ai mal au ventre, geignait-il ; hélas ! je suis hydropique. J’ai grand mal au ventre !

Alors le lynx s’approcha d’un air patelin :