cèrent le long des rivages déserts et abruptes du grand Lac des Esclaves, au bord duquel ils découvrirent une montagne nommée Dènè-chethyaρè : la montagne qui contient des hommes.
— Mon frère aîné, dit le plus jeune des jeunes gens à son frère, ce pays ne ressemble nullement au nôtre. Où nous trouvons-nous donc, penses-tu ?
— Hélas ! mon cadet, reprit l’aîné, je ne le sais pas plus que toi ; mais ne te trouble point, marchons toujours.
Tout à coup les deux frères entendirent des voix souterraines, des voix d’hommes géants (Otchoρé), qui demeuraient sur ce rivage septentrional du Grand-Lac. Devant la montagne, un petit géant et sa sœur jouaient ensemble. Cette montagne conique était leur tente.
— Oh ! quels petits hommes ! s’écrièrent-ils pleins de joie, en apercevant les deux frères Dènè.
Ils coururent à eux, ils les prirent dans leurs mains, ils les déposèrent dans leurs mitaines, comme de petits oiseaux tombés du nid que l’on veut réchauffer, et les portèrent ainsi à leurs parents.
— Voyez, père, mère, quels petits bouts d’hommes nous venons de trouver sur le rivage, dirent-ils en riant.