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légendes et traditions

mari, qui la cherchait, inquiet, arriva ; mais elle avait disparu. Vainement il la chercha pendant tout l’été et tout l’automne.

Quant à elle, elle arriva au camp des Khàtsélé-ttiné avec son ravisseur, et y passa l’hiver.

Le printemps suivant arriva, l’on se transporta aux écluses de pêche, le long des rivières, et on y demeura. La femme Dunè reconnut, en ce lieu, parmi des têtes humaines qui étaient exposées sur un boucan pour s’y dessécher à la fumée, le chef de son mari infortuné, et elle se prit à se lamenter.

Alors, son ravisseur, furieux, voulut la tuer de ce qu’elle manifestait tant d’émotion. Mais elle usa de ruse et prétexta un mal imaginaire. Elle prit même le crâne de son mari et se joua avec lui, pour mieux donner le change à ses assassins.

Cependant elle pria un enfant, en secret, de lui aiguiser son couteau de cuivre ; puis elle alla au bord de l’eau pendant la nuit, et perfora tous les canots de ses persécuteurs, à l’exception d’un seul qu’elle mit à part, afin de le reconnaître.

Elle se coucha ensuite, et se joua avec son ravisseur comme avec un mari qu’elle chérirait tendrement. Lui, sans soupçon ni méfiance, dormit paisiblement et se coucha sur le dos. La