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corps en rouge. Pour cela, il se dépouille entièrement de ses vêtements, il se frotte et se peint avec du vermillon, il se ceint la tête d’un bandeau, il redresse ses cheveux et les lie en un faisceau au sommet de la tête ; il ne garde pas le plus mince vêtement ; il se fabrique une queue et des cornes, il se perce les bras avec une alène pour en tirer du sang.

Quand ce sont des femmes qui font le Diable (le Ya-tρèh-nonttay), elles agissent de la même manière[1].

Alors on tresse des franges ou phylactères en poil de porc-épic, animal vicieux et colère, et on les place dans les mains du Jongleur, pour qu’il les lie et les délie autour de ses membres en invoquant le Déchu.

Tout ceci étant prêt, le magicien se met à quatre sur les pieds et sur les mains, comme une bête, et, ainsi agenouillé et prosterné, il chante, il s’agite de côté et d’autre, il blasphème, il hurle, il se met en fureur. Bientôt il tombe en convulsions, en désirant de toute sa force la venue du Déchu, et voulant qu’il vole vers lui.

  1. Par tous ces détails, le lecteur doit voir que les Peaux-Rouges que l’on représente avec des cheveux hérissés en faisceau et le corps tatoué ne portent pas leur costume ordinaire. Ils sont parés pour la guerre, après avoir invoqué le diable et l’avoir attiré en eux, du moins selon leur persuasion.