Page:Petitot - Traditions indiennes du Canada Nord-Ouest, 1886.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
des dènè peaux-de-lièvre

comme des paumes, puis les traînait deci delà, pour donner le change à ses persécuteurs.

— Comme on a tué mon père, ainsi vous a-t-on tués ! disait-elle aux deux têtes.

Après cet événement, combien de nuits coucha-t-elle encore à côté de l’ennemi qui l’avait prise pour femme ? C’est ce que je ne sais pas ; mais un beau jour elle se dit :

— Je m’en irai de nouveau chez mes parents.

Et ce qu’elle pensa, elle le fit. Un soir, elle dit à son mari :

— Aiguise-moi ce couteau.

Lui, sans méfiance, l’affûta pour elle. Lorsqu’ils furent couchés, elle lui dit en se jouant :

— Couche-toi sur le dos ; de cette manière, tu t’endormiras plus vite.

Après qu’il fut endormi et tout le camp avec lui, elle coupa la gorge à son mari.

La vieille mère de celui-ci fut éveillée par le gargouillement du sang et les râlements du mourant.

— Ma bru, cria-t-elle à Intton-pa, lève-toi, voilà que les chiens grugent notre poisson.

— Ah ! le sommeil me tue, répondit celle-ci du ton d’une personne à moitié réveillée.

— Ma bru, chasse les chiens, te dis-je, reprit la mégère.

Fleur-blanche se leva donc ; elle fit semblant