— Oh ! c’est une martre, répondit la méchante femme, et elle disparut.
Le vieillard, étant aveugle, ne pouvait donc se défendre de cette mégère ni déjouer sa malice. À bout de patience et de courage, il quitta sa loge et s’en alla dans les bois, en tâtonnant. Il marcha longtemps et arriva au bord d’un lac allongé, dans les eaux duquel il entendit crier un plongeon noir.
— Mon beau-frère, dit l’aveugle au plongeon, j’ai perdu la vue, je n’ai pu atteindre ton lac qu’en tâtonnant, et ma femme ainsi que mon fils m’ont abandonné.
Le plongeon se dirigea vers le vieillard et lui dit :
— Viens avec moi et laisse-toi conduire, je te rendrai les yeux.
Il le fit monter en croupe sur son dos, et nagea vers le milieu du lac ; puis il plongea tout à coup, entraînant l’aveugle avec lui sous les eaux. Ils demeurèrent longtemps sous l’eau. Lorsqu’ils reparurent à la surface du lac, le plongeon dit à l’aveugle :
— Eh bien ! cette terre sèche qui apparaît d’ici, la vois-tu ?
— Pas très bien, répondit le vieillard ; cependant je distingue quelque chose.
Alors, de nouveau l’oiseau noir plongea avec