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légendes et traditions

aux petits yeux et au long nez[1], accourut du rivage vers une femme qui demeurait seule au bord de la mer.

— C’est pour moi que cette femme travaille, se disait le monstre. C’est pour moi qu’elle apprête des mets.

Elle était sans défense à sa merci.

Kotsi-datρéh, s’écria-t-elle, toi si bon et si puissant, accours et défends-moi du Nahay.

Alors aussitôt un feu sortit de la terre, qui s’entr’ouvrit, et du milieu des flammes bondit l’Homme à la baguette. Il en frappa les eaux de la mer, les divisa de part et d’autre ; dans la mer, il ouvrit un passage, il y pourchassa le Nahay et l’y noya.

Un autre jour, au milieu d’un grand lac mis à sec, on entendit gronder le tonnerre. On accourut pour voir ce que c’était. Kotsi-datρèh, le Grand-Père Jaune, y dansait dans la mer desséchée. Sa tête était toute blanchie par l’âge. Il donna aux Dènè deux sabots de renne comme un talisman puissant, au moyen desquels ils pourraient tuer un nombre incalculable de caribous.

Une autre fois, Kotsî-datρéh arriva vers une tente dans laquelle pleurait un tout petit enfant.

  1. Probablement un crocodile, bien que j’aie traduit ailleurs ce nom par lion.