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des dènè peaux-de-lièvre

vers vous et je repars pour la Lune. Là, ceux qui me haïssent me verront. D’ici deux nuits, si je ne reparais plus, c’est que je serai parti pour la Lune. C’est là que je résiderai. Allez-y donc aussi.

Comme sa mère pleurait en l’entendant parler ainsi, il ajouta :

— Ne te lamente pas. Il n’y a rien en ce que je dis qui puisse te faire pleurer. Dormez demain et après-demain ; entre chaque nuitée, tendez vos lacets aux rennes, et, ainsi faisant, vous parviendrez à la Lune.

Il ceignit sa tête de son bandeau, et dit :

— L’astre en agira de la sorte, sa tête sera entourée d’un diadème. Or sus, ma mère, quand l’homme mourra, le soleil pâlira.

C’est pour cela que lorsque le soleil pâlit, c’est un signe de mortalité pour les hommes, et nous disons alors que l’astre combat pour nous.

La mère retourna donc dans sa tente et raconta toutes ces choses à son vieux mari.

— Mon fils m’a ordonné ceci et cela, dit-elle. Alors ils dormirent et campèrent encore deux fois, et aussitôt l’Enfant-Mousse se montra dans la Lune. Cela les consola. Ils tendirent donc leurs collets aux rennes et vécurent de cette viande, espérant toujours qu’ils se dirigeraient vers la Lune. Ils campèrent de nouveau. Tout à coup, là-bas, ils aperçurent la Lune qui courait.