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introduction

la sphère étroite de nos seuls intérêts, l’action universelle de la providence de Dieu sur l’humanité.

Les légendes contenues dans ce livre nous prouvent, une fois de plus, cette vérité consolante : qu’il n’est point de peuple, si relégué et ignoré soit-il, qui n’ait reçu du ciel, dans son passé, une somme de vérités suffisante pour tenir dignement sa place dans le monde, constituer, s’il l’eût voulu, une société honorable, et opérer le salut spirituel de ses membres, sans avoir recours à ses voisins. Les théogonies des Sauvages les plus ignares prouvent que Dieu fut fidèle à sa créature et se révéla à elle par l’amour et la commisération, loin d’être le produit d’une imagination épouvantée. « Attraxi te miserans. »

La crainte rend les hommes cruels, rampants et superstitieux ; l’amour et la confiance seuls peuvent les rendre pieux. La sécheresse de cœur, l’égoïsme, le désespoir, ont créé l’indifférence religieuse. De là à la haine de Dieu il n’y a qu’un pas.

Les plus fidèles d’entre les peuples conservèrent jusqu’aux jours du christianisme, plus ou moins intact, le dépôt des saines traditions et des louables coutumes dont Judas et Israël gardèrent les archives, mais dont ils ne furent pas les seuls dépositaires.

Prenons, par exemple, l’idée d’un Dieu à la fois un et trine, dont, par erreur, on a fait l’exclusif apanage et la gloire du christianisme. Nous retrouvons ce dogme chez tous les peuples tant soit peu civilisés. Il est vieux comme le monde. L’Égypte, la Phénicie,