— Dis donc, toi, vous avez tué mon frère aîné, un parfait homme de bien ; vous l’avez tué tous ensemble. Vous avez massacré un bien brave homme !
À ces mots, l’exilé volontaire tressaillit et s’en fut vers sa tente en courant. Il raconta à ses frères ce qu’il avait entendu, ce qu’on leur avait reproché.
— Vous savez bien, leur dit-il, cet homme que nous tuâmes jadis, eh bien ! son frère cadet m’a reproché sa mort. « Vous avez tué un fort brave homme, m’a-t-il dit. Vous l’avez massacré tous ensemble ! »
Alors la famille des meurtriers fut prise d’une panique incontrôlable. On s’enfuit, on partit de là, on se répandit parmi les nations, mais en y vivant toujours séparément.
Et ces hommes s’entre-dirent :
— Celui que vous regarderez et qui de vous détournera ses regards, celui-là nous déteste, tuez-le, se dirent-ils.
Et ils en agirent de la sorte.
Cependant, les autres hommes voulurent les détruire tous à la fois. On les surprit donc endormis au milieu de grands foins auxquels on mit le feu pour les brûler vifs. Toute cette herbe sèche brûla, en effet, mais eux parvinrent à se sauver sur la hauteur des terres, en courant au-devant des