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des dènè peaux-de-lièvre

Il voulut entrer, mais elles ne voulurent pas y consentir, et il continua sa route.

Il s’en fut, tua plusieurs rennes ; puis, étant retourné au village des hommes-chiens et ayant pénétré dans sa demeure, il n’y trouva plus personne. Pendant la nuit, il entra, jeta au feu une tête de lièvre blanc et aussitôt le jour se fit. Mais tout le monde était parti durant la nuit, parce que les maisons avaient brûlé. Il entendait qu’on disait : « Son fils avait mis du gras sur le tréteau, au-dessus du foyer ; il est tombé, s’est enflammé, et a mis le feu aux tentes. »

L’Étranger s’en retourna donc à la petite maison où il avait vu deux sœurs habiter seules ; il attira leur lard, à l’aide d’un crochet, hors du feu, et leur dit :

— Deviens ainsi.

Aussitôt les deux lards se transformèrent en deux jeunes rennes qui s’en furent dans le désert.

— C’est pourtant l’anathème du lard qui a fait toutes ces merveilles, dirent les deux sœurs nubiles[1].

L’Étranger étant ressorti de la petite maison, il aperçut le vieillard, son beau-père, qui, avec ses

  1. Tous ces passages sont pleins de mots à double sens que l’on ne peut rendre en français sans blesser une oreille chaste.